« Le photographe du coin de rue qui manipule, dans son échoppe ou sa baraque, ses portraits à un franc,
désespoir de tous les passants qui les regardent avec un sentiment humain.
Il ne faudrait pas, toutefois, trop largement écarter le rideau sous lequel se voile l’opérateur ;
on verrait trop de choses sur le miroir dépoli de la chambre obscure qui ne doivent pas être dites. »
Mayer et Pierson, La Photographie, histoire de sa découverte. Ses procédés, ses applications, son avenir. 1862
Alors que l’invention officielle de la photographie vient de fêter ses vingt ans un an auparavant, la chambre de commerce de Paris établit en 1860 que les photographes professionnels se divisent en trois catégories :
« La première regroupe les grandes maisons qui pratiquent le portrait sur place, dit « en terrasse », employant des opérateurs à l’extérieur, des retoucheurs, des coloristes et parfois des préparateurs de plaques. Le nombre des employés est souvent important, pouvant aller jusqu’à quatre vingt dix personnes pour les plus grandes maisons comme celle de Disderi.
La seconde est composée des photographes qui ne cherchent pas à faire autre chose que des « portraits en terrasse ». Ils font souvent appel à des artistes retoucheurs, mais les utilisent ponctuellement et ne les salarient jamais.
Enfin, la troisième catégorie qui concerne, en nombre de studio la majorité des photographes professionnels. Ces photographes d’ateliers opèrent toujours eux-mêmes et se déplacent régulièrement pour officier dans les foires et les fêtes des villes et villages avoisinants. Les photographes itinérants et les photographes forains font partie de cette catégorie. » 1
Pourtant, dans cet inventaire non exhaustif, il y a un qui retient particulièrement notre attention : le photographe ambulant à l’époque. Ces photographes – bien souvent des hommes – ont la particularité de se rendre là où les attendent les clients. En ce sens, ils inversent le dispositif de l’offre. Là où les photographes, ayant pignon sur rue, une devanture et une adresse commerciale, attendent le client, derrière les vitres de leur boutique, les photographes ambulants ou itinérants se rendent au-devant du public, pour leur proposer de leur tirer le portrait.
La Gavinie, en 1858, leur dédie un éloge dans le journal La Lumière :
« Malgré tout le mal que l’on pourra m’en dire sous le rapport de l’art, un homme que j’aime, c’est le photographe ambulant. Il étale en grosse lettre sur l’enseigne de sa baraque sa qualité d’artiste à un franc la séance. Il va, comme ces tribus du désert, d’un pays à l’autre, assistant souvent à d’attendrissantes séances sentimentales. C’est au milieu des campagnes, entouré de bon paysans qui ouvrent des grands yeux étonnés, qu’il va porter le plus souvent les bienfaits de sa profession, et en dévoile les secrets. Grâce à lui, ces braves gens peuvent échanger pour la première fois de leur vie des portraits qui resteront dans la famille comme des gages d’affection. Pour un franc, ils peuvent se donner cette joie de posséder l’image de ceux qui leur sont chers. C’est la mère, la pauvre vieille dérangée, dans ce but du coin de l’âtre qui enverra son portrait à son fils éloigné, et celui-ci en le contemplant sent affluer au cœur de doux souvenirs. »
Crédit Photo : MINS Photo – Mireille Ampilhac
Ce sont ces photographes, dans leur baraque de toile, que nous nous attachons à faire revivre. Notre objectif est simple – voire triple : vous raconter leur métier au quotidien, vous expliquer comment fonctionne la photographie à cette période (1851 – 1870) et vous tirer le portrait sur plaque de verre (ambrotype) ou sur plaque de fer (ferrotype), à l’aide de la technique la plus usitée à l’époque, à savoir le collodion humide.
La prise de vue se déroule sous un auvent permettant de gérer la lumière et les opérations de développement et de finalisation sont réalisées dans la baraque de toile, celle-ci étant visitable par le public.
Cette animation en extérieur * nécessite une lumière naturelle et la période recommandée se situe entre début avril et fin septembre (de 10h00 à 17h00 ou 18h00 en fonction de la saison). Les techniques étant celles pratiquées à l’époque, il faut compter entre 20 et 30 mn pour réaliser l’ensemble des opérations nécessaires à la préparation d’une plaque, son exposition et son développement.
1 – Rouillé A., La – Photographie – en – France. – Textes – Controverses – Une – Anthologie – 1816-1871
* En partenariat avec VERA EIKONA
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Les grands thèmes abordés :
- la photographie ambulante sous le Second Empire
- les procédés photographiques privilégiés par les photographes ambulants
- les petits métiers de la rue
Les supports didactiques privilégiés :
- le portrait photographique
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Mini fiche technique :
- Nombre : 2 à 4 intervenants
- Installation : en extérieur
- Surface au sol : 8 x 8 m pour la baraque de toile et l’espace de prise de vues **
- Nature du sol (ext.) : terre, herbe, etc.
- Raccordement électrique : non
- Point d’eau : si possible
* Cette animation nécessite l’installation d’une tente laboratoire qui est visitables.
Vous pouvez TELECHARGER ICI la documentation de nos animations Second Empire.